Restaurons le piano historique de la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret

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Fabriqué en 1907, passé entre les mains de très nombreux interprètes au domicile de la famille Singer-Polignac puis du musicologue Henry-Louis de La Grange, le piano Steinway de la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret nécessite une restauration complète.

L’institution, dont les travaux de modernisation et d’agrandissement s’achèvent cet automne, souhaite en effet faire entendre au public ce précieux témoin des sonorités qu’affectionnaient les compositeurs du début du vingtième siècle.

Placé dans son salon de musique, il permettra également à de jeunes interprètes d’explorer les fonds documentaires laissés par les pianistes du passé et de dialoguer avec les chercheurs d’aujourd’hui, dans une approche renouvelée de la musicologie.

Avec le parrainage de Bertrand Chamayou et grâce à l’expertise de la restauratrice Sylvie Fouanon, la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret lance une grande campagne de financement pour la restauration de cet instrument remarquable.

Du 19 octobre au 19 novembre, elle vise à réunir une somme de 55 500 euros, afin d’offrir une nouvelle vie à un piano plus que centenaire.

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Un instrument exceptionnel, contemporain de Mahler et Stravinsky

Modèle de concert, ce piano est sorti des ateliers de la firme Steinway, aujourd’hui encore célèbre dans le monde entier, en 1907. À l’époque, la filiale de Hambourg, créée en 1880 par les enfants d’Heinrich Steinweg, le fondateur, produisait des instruments d’une qualité exceptionnelle, entièrement faits à la main, à la sonorité immédiatement identifiable.
Cet exemplaire a été importé en France par Eugène-Édouard Moullé (1845-1923), compositeur, éditeur de musique mais aussi facteur et concessionnaire de pianos, puis acquis par la famille Singer-Polignac. La princesse et grande mécène Winnaretta Singer, princesse de Polignac (1865-1943), a-t-elle conservé cet instrument chez elle ? Ce serait alors sur ce piano qu’Igor Stravinsky aurait créé son ballet Renard, commande de la princesse, et que Francis Poulenc – parmi tant d’autres prestigieux invités – aurait joué régulièrement.
Le fils de Daisy Singer-Ollivier a cédé l’instrument au musicologue Henry-Louis de La Grange au cours des années 1980. En 1986, le musicologue l’a installé dans ses salons privés du 11bis rue de Vézelay, à la fois lieu d’habitation parisien et siège de la Médiathèque Musicale Mahler qu’il a fondée avec Maurice Fleuret (1932-1990). Le baryton Thomas Hampson témoigne qu’Henry-Louis de La Grange aimait jouer de cet instrument pour – et parfois avec – les très nombreux musiciens qu’il recevait lorsqu’il évoquait le parcours de Gustav Mahler, dont il était un spécialiste mondialement reconnu. Après son décès en 2017, le Fonds de La Grange-Fleuret, sous égide de la Fondation de France, a fait don de ce piano à la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret, nouvelle appellation de la Médiathèque Musicale Mahler.
Ce Steinway a vocation à demeurer dans l’hôtel particulier de la rue de Vézelay et à être placé au cœur du nouveau projet culturel envisagé pour la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret. Il y sera un très précieux témoin des sonorités qu’affectionnaient les compositeurs du début du vingtième siècle : Ravel, Webern, Bartok, Poulenc, Stravinsky, Satie…

Offrir une nouvelle vie à un piano de 1907

Régulièrement entretenu par ses propriétaires successifs, ce piano n’a cependant fait l’objet que de révisions sporadiques et nécessite aujourd’hui une restauration complète. Une importante remise en état doit être faite avant qu’il ne sonne pleinement à nouveau en public. Celle-ci devra être menée dans les règles de l’art, dans le respect de la facture d’origine, afin de donner aux artistes et auditeurs la pleine satisfaction d’un piano « historique », à la fois objet de patrimoine et medium d’une exceptionnelle qualité pour transmettre la musique aujourd’hui.
Ce Steinway de 2,74 mètres à cordes croisées, au cadre de fonte, dont la mécanique est à double-échappement, a principalement été taillé dans du poirier oxydé et vernis en noir. Sa restauration complète nécessite une remise en état du toucher et du timbre par restauration du bloc mécanique et de la structure harmonique, en conservant les matériaux d’origine et en utilisant les outils de l’époque de sa fabrication. Son cadre nécessite une réfection complète ainsi qu’un vernissage au tampon traditionnel noir brillant.

Piano et bibliothèque : une double renaissance

La nécessité de faire restaurer l’instrument coïncide avec la profonde reconfiguration du bâtiment qui l’abrite, au profit d’un nouveau lieu culturel.
Située au cœur de Paris, à proximité du quartier « musicien » du 8e arrondissement de Paris, l’hôtel particulier du 11bis rue de Vézelay accueille en effet la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret (anciennement Médiathèque Musicale Mahler), que ses fondateurs, Maurice Fleuret (1932-1990) et Henry-Louis de La Grange (1924-2017), ont souhaité rendre accessible au plus grand nombre avec des possibilités de consultation privilégiées.
Une vaste campagne de travaux, confiée par la Fondation de France en sa qualité de maître d’ouvrage à l’architecte Loïc Julienne – Atelier Construire, a été menée à partir de 2019 afin d’offrir des espaces de conservation et de consultation rénovés et augmentés, et de disposer de lieux de médiation, de rencontres et de pratique entièrement repensés.
L’objectif est également de mettre le bâtiment aux normes d’un ERP (établissement recevant du public) et de l’adapter à l’accueil des personnes à mobilité réduite. Grâce aux dispositions testamentaires de Henry-Louis de La Grange, la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret (BLGF) bénéficie de 250 m² de surfaces supplémentaires pour ses activités.
Le financement de ces travaux a été assuré conjointement par le Fonds de la Grange-Fleuret abrité à la Fondation de France, le Ministère de la Culture (DGCA) et la Région Ile-de-France.
Le grand public est invité à contribuer à cet effort collectif pour la réouverture de la Bibliothèque en prenant part à la campagne de financement participatif pour la restauration du piano.

Un piano pour tous

Au-delà de la dimension patrimoniale du projet et de la valorisation du savoir-faire français en matière de restauration instrumentale, l’objectif est d’inscrire pleinement cet instrument dans le nouveau projet culturel de la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret et dans la vie musicale parisienne.
Le piano prendra place dans le vaste salon de musique du premier étage – le salon Gustav Mahler – pensé pour accueillir 70 personnes. Il sera mis à la disposition des artistes pour des répétitions, des ateliers d’interprétation et masterclasses
Le grand public sera invité à l’entendre dans le cadre de manifestations publiques : récitals, concerts de musique de chambre, ateliers participatifs
La vocation de la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret est de faire dialoguer musiciens et chercheurs, dans une approche associant musicologie pratique et interprétation documentée. Ce piano sera donc particulièrement adapté à l’exploration des fonds de pianistes conservés sur place (Alfred Cortot, Marguerite Long, Yvonne Lefébure, Reine Gianoli, Claude Helffer, Brigitte Engerer etc.) par les jeunes interprètes et chercheurs qu’elle entend accueillir, sous la conduite de personnalités artistiques et scientifiques plus confirmées. Des partenariats avec des institutions telles que le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, l’Ecole Pratique des Hautes Etudes ou l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales sont envisagés pour la mise en œuvre de séminaires autour de ce piano, entre études des sources et techniques d’interprétation.

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